Année Zéro - Première mise en mots pour une radicalité en Travail Social
Dominique Paturel, Anna RurkaRésumé
Numéro 0 – Année Zéro
Première mise en mots pour une radicalité en Travail Social
La revue Articulation(s) portée par une équipe de chercheuses et de travailleurs et travailleuses du social a souhaité faire paraître un n°0 et relever le défi que pose la réflexion en Travail Social, critique et conscient des enjeux actuels. En effet, un appel à contribution «Tiers espace de la recherche action » est prévu depuis plusieurs semaines pour lancer le n°1. L’objectif de ce n°1 était de remettre en visibilité la réflexivité dans ses dimensions épistémologiques, méthodologiques et ses prolongements actionnables pour la recherche en travail social.
Pour autant, nous ne pouvions rester silencieuses dans ce moment inédit où le champ du travail social avec ses chercheurs, chercheuses et ses professionnel.les se trouvaient, pour un certain nombre, en première ligne. La particularité de cette première ligne est qu’elle est invisible, n’étant ni des soignants, soignantes, ni des travailleurs ou travailleuses liés à des activités de première nécessité, comme le sont les caissières des supermarchés ou les éboueurs.
Cette épreuve collective du confinement a mis en exergue à la fin de la première quinzaine, les tensions sociales, économiques et politiques auxquelles se confrontent les travailleurs sociaux à longueur d’années.
Un premier texte de Dominique Paturel, chercheuse à l’UMR 951 Innovation et co-rédactrice en cheffe de la revue, vient rappeler ce qu’est le care quand on le voit essentiellement à partir du risque ; et pour cela, elle nous parle de l’essai de Joan Tronto paru en 2012 « Le care ou le Risque ».
Marie-Thérèse Savigny, éducatrice spécialisée, formatrice dans un Institut Régional du Travail Social, titulaire d’un doctorat en socio anthropologie, rappelle que si la situation est inédite, les inégalités sociales sont là depuis longtemps. Elle évoque les outils du pouvoir pour dominer les corps mais aussi les esprits et interroge en particulier les formations en travail social.
Le troisième texte est celui de Marie-Pierre Auger, éducatrice spécialisée, cheffe de service en protection de l’enfance, et actuellement doctorante en sciences de l’éducation dans le cadre d’un CIFRE. Elle nous y explique que le confinement a engendré un inversement des dispositifs d’accompagnement des familles et de leurs enfants. Ces acteurs sont mis maintenant en situation d’assurer des missions jusque-là dévolues à certaines institutions (enseignement, aide, protection).
Marine Bruneau, éducatrice spécialisée de formation, formatrice et conférencière concernant l'égalité entre femmes et hommes et le travail social montre que ce moment où se médiatise la « chance » que ce moment complexe pourrait représenter pour les femmes en matière d’avancées vers l’égalité, est en réalité trompeur et qu’il ne faut s’y laisser prendre.
Puis Armelle S, doctorante en sciences de l’éducation et travailleuse sociale, fait état de certains des défis auxquels sont confronté.e.s les travailleur.se.s du social et les acteur.rice.s qu’ils accompagnement au sein des établissements qui accueillent des enfants au titre de la protection de l’enfance.
Laurent Barbe, psychosociologue, consultant spécialisé dans les politiques publiques d’action sociale et médico-sociale et enseignant insiste sur le rôle d’analyseur puissant de la pandémie comme révélateur de la porosité des frontières entre action sociale et protection de tous, renforçant les inégalités de situations et de territoires.
Le septième et dernier texte qui ferme ce n°0 est celui d’ Anna Rurka, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Paris Nanterre (EA 1589), co-rédactrice en cheffe de la revue, invite le travail social à revenir à ses racines et à ses principes fondamentaux et fondateurs, c’est-à-dire à l’intention de transformer les réalités sociales, politiques et économiques.
L’ensemble de ce numéro 0 de l’An Zéro veut participer au renouveau par la reconnexion du travail social à ses origines dont l’existence était guidée par un objectif de transformation sociale collective : ce que nous appelons la radicalité du travail social.
Sommaire du numéro
Le Care à l'heure du Covid 19
Dominique PaturelRésumé : Le 11 mars 2020, le président de la République, E.Macron, crée le conseil scientifique chargé «d’éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus» . Il est composé de onze médecins et chercheurs. Le 24 mars 2020, le ministre de la santé en compagnie de la ministre de la recherche annonce la création d’un comité d’experts (Comité Analyse Recherche et Expertise , CARE) dont la mission est de le conseiller sur les aspects opérationnels....
Lire la suiteLe texte caché
Marie-Thérèse SavignyRésumé : Comme un enfant, la pandémie du COVID-19 dit sans pudeur les profondes inégalités qui traversent la société néolibérale actuelle. Elle dit les subtils outils du pouvoir pour dominer les corps mais aussi les esprits. Cette période structurellement installée - mais aussi inédite - interroge en particulier les formations en travail social entre fabrique des impuissances à agir et espace d’élaboration du réel à des fins de transformation et d’émancipation. Abstract : Like a child, the COVID-19 pandemic speaks shamelessly of...
Lire la suiteCrise du Covid 19: une nécessaire rétrocession sociale ?
Marie Pierre AugerRésumé: Le confinement causé par la crise du Covid19 a engendré un inversement des dispositifs d’accompagnement des familles et de leurs enfants. Ces acteurs sont maintenant en situation d’assurer des missions jusque-là dévolues à certaines institutions (enseignement, aide, protection). Pour les familles, cette rétro-délégation nécessite des moyens, des compétences et engendre une prise des responsabilités de leur part. Pour les professionnels, cette limitation de l’action les met dans l’obligation de déléguer pour partie leur expertise aux familles. Ce processus questionne...
Lire la suiteConfinement et révolution de l’égalité : un rendez-vous manqué
Marine BruneauRésumé : Depuis le début de la crise du COVD-19 et plus particulièrement du confinement, nous avons vu fleurir nombre d’articles sur la « chance » que ce moment complexe pourrait représenter pour les femmes en matière d’avancées vers l’égalité. Cet article propose une analyse critique de ce postulat. Abstract : Since the beginning of the COVID -19 crisis and especially since the lockdown, we see the idea according to which this complex time could represents a progress for the equality between women...
Lire la suiteConfinement en MECS: le milieu fermé enfermé ?
Armelle SRésumé L’article présenté fait état de certains des défis auxquels sont confronté.e.s les travailleur.se.s du social et les acteur.rice.s qu’ils accompagnement au sein des établissements qui accueillent des enfants au titre de la protection de l’enfance. Si l’appel aux bénévoles diffusé par certaines associations et certains départements permet de maintenir une continuité de service, je souhaite mettre à jour ici, à partir de fragments du quotidien dans ces établissements, certaines des questions qu’ils soulèvent. Celles-ci recouvrent des dimensions politiques, pratiques...
Lire la suiteRéflexions provisoires sur le social en temps de Covid
Laurent BarbeRésumé Vu de l’action sociale, la pandémie constitue un analyseur de grande puissance qui révèle la porosité des frontières entre action sociale et protection de tous, renforce les inégalités de situations et de territoires, et fragilise les réponses, malgré une réactivité et une inventivité à souligner. La situation nécessite des réflexions qui ne peuvent qu’être esquissées sur un après qui ne constituera en aucun cas un retour à la « normale ». Abstract From the point of view of social action, the...
Lire la suiteRadicalité du travail social face à la pandémie
Anna RurkaRésumé: La pandémie et ses conséquences à l’échelle mondiale, nationale et locale invitent le travail social à revenir à ses racines et à ses principes fondamentaux et fondateurs, c’est-à-dire à l’intention de transformer les réalités sociales, politiques et économiques. Cet article place au centre la radicalité travail social, en l’associant à l’action politique, actuelle ou/et potentielle. Les arguments présentés tentent à montrer que la crise pandémique peut s'avérer être un momentum pour une action collective radicale des travailleur.se.s du social....
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